L’adoption fulgurante du télétravail ces derniers mois permet de remettre en perspective la relation que nous entretenons avec notre environnement de travail et son impact sur l’humain. Cette révolution de l’espace de travail et une occupation différente et flexible des espaces de bureaux sont une occasion de changement. Il est donc pertinent de décortiquer ce qui, sur un lieu de travail, affectera positivement le moral des usagers et, par la bande, leur productivité.
Cette tendance à améliorer l’environnement de travail s’est accentuée depuis quelques années et transforme actuellement les pratiques d’ingénierie et d’architecture. La certification WELL, qui a comme objectif l’établissement de mesures pour améliorer la santé et le bien-être des usagers, présente une norme sous onze volets qui jette la base des bonnes pratiques dans ce domaine.
Dans cette optique, nous vous partageons dans cet article notre expertise dans le domaine afin de vous présenter trois différents principes touchant la mécanique et l’électricité du bâtiment, soit la qualité de l’air, l’acoustique et l’éclairage.
Les leçons de la crise sanitaire
Par son haut taux de propagation par l’air, l’avènement de ce virus a permis de mettre en lumière l’importance de la qualité de l’air, du nombre de changements à l’heure et du taux d’air neuf dans un bâtiment. Déjà largement normée et étudiée, la ventilation est maintenant mise sous la loupe pour déterminer les variables influençant sa performance, notamment pour la propagation de virus, bactéries et contaminants. Ce qui ressort de l’étude de différents milieux d’éclosion au cours de la dernière année est que le taux d’air neuf et le renouvellement de l’air dans un espace permettent de diminuer les risques de propagation par simple principe de dilution des contaminants. Parmi les solutions envisagées à court et moyen terme, il s’agit d’une intervention relativement simple à mettre en place avec des systèmes de ventilation existants. D’autres techniques, telles que l’utilisation de traitement UV et filtration haute performance, pourraient aider, mais elles ne sont pas suffisamment documentées pour quantifier leur impact sur la propagation. La qualité de l’air permet d’assurer un bien-être à long terme pour les usagers, en limitant leur exposition aux maladies transmissibles par l’air ainsi qu’en réduisant la quantité de contaminants au minimum.
Également liée à la ventilation, la signature thermique d’un espace a évidemment aussi un impact sur le bien-être des usagers. Bien qu’une température de consigne soit importante à respecter, il est essentiel de tenir compte de l’humidité et du mouvement de l’air afin d’atteindre des conditions d’occupation optimales. L’impact de ces différents paramètres est présenté au tableau 1.
Tableau 1 : Impact de différents paramètres sur le niveau de confort des usagers
Paramètre de confort | Procédé | % de la contribution à la perception du confort |
---|---|---|
Température de l’air | Conduction | 6 % |
Mouvement de l’air | Convection | 26 % |
Humidité de l’air | Évaporation | 18 % |
Température des surfaces | Radiation | 50 % |
En raison de son influence sur la santé des occupants à court et long terme, il existe, maintenant plus que jamais, des incitatifs au remplacement des infrastructures de ventilation dans les bâtiments institutionnels, éducatifs et commerciaux. La portée de ces systèmes ne se limite pas seulement à la santé des occupants, mais peut aussi considérablement influencer la productivité des travailleurs.
Améliorer l’acoustique des bureaux
Plusieurs études démontrent l’impact négatif du bruit sur la performance des travailleurs de bureau. Il faut imaginer un bureau à espace ouvert où plusieurs personnes sont en vidéoconférence pour comprendre l’importance qu’aura l’acoustique sur les lieux de travail. Le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail identifie quatre types de bruits sur les milieux de travail, soit variable, continu, intermittent et impulsif. Le son généré par les différents appareils électriques et les infrastructures des bâtiments (bruit continu), ainsi que les conversations des usagers (bruit variable), sont deux des quatre sources de bruit applicables à nos milieux de travail et pouvant être réduites afin d’améliorer l’environnement sonore des bureaux à aires ouvertes.
La segmentation des espaces selon le niveau de bruit accepté et l’utilisation de matériaux et mobiliers absorbant le son peuvent être mises à profit afin de réduire le niveau de décibel provenant des usagers. Les infrastructures mécaniques d’un bâtiment peuvent, quant à elles, être modifiées en entièreté ou en partie afin de réduire le bruit continu affectant les usagers. Tout d’abord, une unité de ventilation peut être remplacée par une plus performante, ce qui réduit le bruit à la source. Les gaines de ventilation peuvent ensuite être agrandies afin de réduire la vitesse de l’air les traversant et ainsi réduire le bruit généré. L’utilisation de silencieux peut finalement éliminer les bruits résiduels.
Éclairage
Pour comprendre l’impact de la lumière sur l’humain, il est a priori nécessaire de comprendre les concepts que l’on associe au confort visuel : la température de couleur et le niveau d’éclairement. La température de couleur définit la couleur d’une source lumineuse, exprimée en degré Kelvin (K) et le niveau d’éclairement permet de déterminer l’intensité lumineuse par unité de surface, mesurée en lux (lx).
En gardant ces deux paramètres en tête, il est plus facile de comprendre les spécificités d’éclairage reliées aux types de milieux de travail. Les changements de couleur influencent le corps humain, entre autres pour les cycles de réveil et de sommeil, appelés rythme circadien. Un éclairage chaud vers le froid (2700 K à 6500 K) est associé à la sécrétion de cortisol, alors que le passage du froid au chaud, à la sécrétion de mélatonine. Quant au niveau d’éclairement, s’il n’est pas assez élevé selon l’usage prévu, cela entraine de la fatigue oculaire. Un niveau uniforme d’intensité lumineuse permet également une meilleure concentration. Ainsi, en ajustant ces différents paramètres en fonction de l’ambiance recherchée, des performances à atteindre et de l’apport de lumière naturelle selon le moment de la journée, il est possible de créer des environnements lumineux optimaux.
La transition de l’éclairage vers la technologie aux DEL permet plusieurs avancées importantes qui étaient auparavant impossibles. Il est maintenant possible de programmer une variation de la température de couleur et de l’éclairage au courant de la journée. Présentés sous différentes formes, les appareils d’éclairage aux DEL permettent une grande flexibilité en lien avec la température de couleur, l’intensité lumineuse et les faisceaux lumineux, assurant aux architectes et designers d’intérieur de développer un grand choix d’ambiances et d’éclairages spécifiques à différentes applications, et permettent à l’humain travaillant à l’intérieur la chance d’équilibrer son rythme circadien, comme s’il était à l’extérieur.
Conclusion
Comprendre l’impact qu’a l’environnement sur le bien-être humain permet aujourd’hui d’identifier quels sont les paramètres importants à contrôler afin d’optimiser les conditions de travail. Bien que cet article traite spécifiquement des lieux de travail, les principes fondamentaux conservent leur validité peu importe le milieu et auront aussi un impact là où il y a des humains, d’où l’importance de s’y attarder plus sérieusement. N’hésitez pas à contacter les experts de Pageau Morel, qui sauront vous guider dans cette voie!
Sources :
- WELL Building Standard™ version 2 (WELL v2™)
- LIGHT, Ed, James BAILEY, Reid LUCAS et Laurence LEE, HVAC and COVID-19, ASHRAE Journal, septembre 2020
- NASSIRI, Parvin, et collab., The Effect of Noise on Human Performance: A Clinical Trial, International Journal of Occupational and Environmental Medicine, avril 2013
- Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail – Bruit en milieu de travail – Notions de base
- Université McGill – Le blogue du cerveau à tous les niveaux, La chronobiologie